Toutes les séparations ne se vivent pas de la même manière. Certaines ont été une évidence, quand d’autres ont été une souffrance.
Pour autant, si on se pose la question de savoir comment retrouver l’amour après une séparation, c’est que l’on s’estime prêt. Mais est-ce bien sûr? Cela ne l’est pas toujours selon Stéphanie Hahusseau, médecin psychiatre.
Dans son ouvrage «Petit guide de l’amour heureux», elle prodigue de précieux conseils pour se préparer à un nouvel amour.
La relation-pansement, comme son nom l’indique, est celle qui survient juste après la séparation. Celle-ci apparaît comme une bouée de secours où on s’investit à corps perdu dans cette relation pour oublier ou guérir de la précédente.
Seulement, dans cette nouvelle relation, une multitude de petites accroches et inconforts surviennent. Ce sont les compromis et les silences sur ses besoins et envies. On va s’oublier pour s’adapter, faire en sorte que la relation se maintienne en dépit des hauts et des bas, des colères et réconciliations. Mais ce genre de relation n’a pas un grand avenir, et plus on surinvestit, plus dure est la chute.
Marguerite Duras disait :
«On croit que lorsqu’une chose finit, une autre recommence tout de suite. Non, entre les deux c’est la pagaille.»
La pagaille c’est la relation-pansement, mais on peut l’éviter si on s’interroge sur son empressement à entamer une nouvelle relation. Or bien souvent, la véritable origine de cette urgence n’est pas le désir d’aimer mais la fuite d’une solitude redoutée. Ce n’est donc pas le désir qui nous fait agir mais la peur, mauvaise conseillère par excellence.
Plutôt que de fuir la
solitude, il faut composer avec elle, apprendre à l’apprécier en cernant ses nombreux avantages. Ce n’est qu’à cette condition qu’une rencontre épanouissante peut être rendue possible plus tard.
Pourquoi et comment apprendre à être seul?
Les avantages de la solitude
En fonction de sa personnalité et de son parcours de vie, être confronté à la solitude peut être un véritable défi. Un défi très commun, car cette peur participe à développer
l’oralité, l’un des cinq comportements névrotiques courants.
Tous les défis ont leur beauté et la solitude n’y échappe pas. Elle représente une formidable opportunité pour découvrir d’autres plaisirs et façons de vivre. La solitude permet effectivement de :
- Jouir d’une véritable liberté. On fait ses choix seul(e) sans avoir à négocier ou à faire des compromis avec son conjoint.
- Nous organiser, nous assumer et nous affirmer, car on ne peut plus se reposer sur les épaules d’un autre.
- Apprendre à devenir autonome affectivement en se prouvant que l’on est capable de s’apporter son propre réconfort et la sécurité intérieure.
Ainsi, la capacité à vivre seul développe en nous un véritable bouclier pour se garder des relations à demi-satisfaisantes. On sera donc davantage capable de faire des choix plus avisés et conformes à notre désir profond.
Une dernière remarque à propos de la solitude. Si vous pouvez bien la vivre, ce n’est pas forcément le cas de vos amis ou de votre famille. Il peut advenir que certains vous donnent un avis anxiogène sur la solitude. Ne vous laissez pas influencer, car même si leur inquiétude semble louable, elle n’est que la manifestation de leur propre névrose. Vous pouvez prendre d’autres conseils bien entendu, mais la gestion de la solitude n’appartient qu’à vous.
Pour tous ceux qui vivent mal la solitude, celle-ci peut s’apprivoiser.
La solitude apprivoisée
Le moyen le plus simple pour apprivoiser la solitude est de la questionner. À quel moment de la journée ressentons-nous de la solitude? Et surtout, à quel moment ne la ressentons-nous pas?
Nous oublions la solitude quand notre esprit est occupé à profiter d’un travail passionnant ou d’un loisir plaisant entre amis. En fait, plus nous sommes bien dans notre vie générale, moins le célibat est problématique.
Pour apprivoiser la solitude, il convient donc de se pencher non pas sur sa vie amoureuse mais sur les autres aspects de sa vie:
- Si notre travail ne nous convient plus, la solitude permet de sérieusement envisager un changement radical. Ne pouvant être plus mal, autant prendre des risques dans un domaine sur lequel nous pouvons agir.
- C’est le temps également de faire un tri de ses amis. Avec lesquels se sent-on compris ou non? Qui a-t-on envie de voir? Avec qui ne craignons-nous pas de dévoiler ses fragilités?
- Commencer un loisir qui nous fait envie depuis longtemps. Et ce n’est pas une question d’âge.
- Les ruptures sont toujours l’occasion d’un questionnement intérieur sur le sens de la vie. Même Nietzsche et Schopenhauer ont réfléchi au sens de l’existence à la suite de leurs revers amoureux. C’est l'occasion de lire, de réorienter sa vie en cherchant plus de sens ou en s’intéressant à la spiritualité.
Quel que soit le secteur, l’idée est la même. La souffrance peut être un moment de révolte positive. Un appui pour décider d’améliorer sa vie. C’est de cette façon qu’une souffrance peut avoir un sens et apporter des bienfaits qui nous rendront plus heureux.
En étant très bien tout seul, c’est-à-dire en ayant comblé ses besoins, on est plus à même de faire des rencontres intéressantes.
Comment faire de nouvelles rencontres?
Les deux règles d’or du rendez-vous amoureux
Après 10-15 ans de vie conjugale, il n’est pas forcément évident de se « remettre en selle ». Si le temps a passé, les règles pour aborder un rendez-vous,
un « date », n’ont jamais changé.
C’est primordial. Une rencontre amoureuse, ce n’est pas une course au résultat. C’est tout l’intérêt de travailler son rapport à la solitude en amont pour éviter de se remettre avec quelqu’un par besoin ou nécessité. Alors relax. Cela vient, ou non, l’essentiel est d’être aligné avec soi-même et de ne pas s’embarquer dans une histoire où vous vous sentirez mal.
-
Laisser parler ses tripes.
On a trop souvent fait l’éloge de l’intellect. Mais en matière d’amour, le raisonnement, le calcul et la logique n’ont pas leur place. On s’en fiche que la personne remplisse tous vos critères. Si vos tripes se tordent, si votre
intuition fait chou blanc, laissez tomber. Dans le cas contraire, si vos tripes dansent, lancez-vous.
Toutefois, même si le cerveau doit être quelque peu éteint, il faut ne pas partir dans le brouillard non plus.
Être au clair sur ses envies
Avant de rencontrer un Jules (ou une Juliette), soyez au clair dans vos envies. Inutile de se dire qu’on est ouvert à toute personne gentille et agréable, alors qu’en réalité on peut se bloquer. Une introspection à notre sensibilité est donc nécessaire en se posant toutes les questions possibles:
- Qu’est-ce qui vous fait rire ou vous amuse et a contrario qu’est-ce qui vous insupporte?
- Qu’est-ce que vous avez envie de vivre et de ne plus vivre?
- Quelles doivent être les valeurs de votre relation et celle de votre futur partenaire?
- Quelles valeurs sont indispensables quand d’autres peuvent être négociées?
- Où doit-il/elle vivre? Exercer quelle profession? Si vous avez des standings, des attentes, des intentions, assumez-les complètement.
Essentiellement, la conscience se résume à «ouvrir grand les yeux» et être honnête autant avec soi-même qu’avec l’autre. Ce qui est évident sur papier ne l’est pas toujours dans le réel. Ainsi, en plein rendez-vous, évitez les petits mensonges et les faux-semblants. Sauf dans les cas où vous avez affaire à un lourd que vous ne reverrez plus jamais de votre vie.
Il n’y a jamais une seule bonne attitude qui colle à toutes les situations, il faut bien évidemment s’adapter. Donc peu importe votre attitude, tant que vous êtes parfaitement conscient de ce qu’il se passe.
Dans un autre scénario, vous pouvez également tomber sur quelqu’un de sympa et charmant mais sans avoir l’envie d’entamer une relation amoureuse. Si c’est possible, et qu’une amitié semble naître, gardez contact avec cette personne. Selon l’expérience de Sandrine Mercy, les célibataires ont souvent dans leur entourage d’autres amis célibataires. Des personnes que vous pouvez rencontrer et avec qui un vrai feeling peu apparaître.
Les divers lieux de rencontre
Où rencontrer des potentiels partenaires de vie? Hors période pandémique, vous disposez des associations en lien avec ce que vous aimez faire. Il y a également les clubs sportifs (évidemment hors période de confinement…), clubs de vacances, les bars et boîtes sans oublier les dîners entre amis.
Il reste également les incontournables réseaux sociaux dont Meetic, Adopteunmec.com. N’hésitez d’ailleurs pas à fouiller Internet. De nombreux sites de rencontre ont émergé pour correspondre aux attentes d’une population ciblée (les végétariens, les sportifs, les séniors ou encore les cadres supérieurs).
Dernière idée possible: faire appel aux agences matrimoniales. L’idée peut vous amuser, vous intéresser ou vous rebuter. Effectivement cela sent le «control freak» et le manque de spontanéité. En tout cas, soyez-sûr que dans les années à venir, elles vont fleurir, se développer et se spécialiser.
Ces agences proposeront un coaching de «relooking» ou de «confiance en ses pouvoirs de séduction». Ou encore des séances de thérapie pour que vous appreniez à mieux vous connaître et à comprendre ce que vous cherchez. En clair, elles vous mâcheront le travail en vous promettant de vous faire gagner un temps précieux.
Mais comme dit plus haut, l’amour gardera toujours sa part de mystère. En dépit de tous les calculs possibles, y rajouter des thèmes astrologique et numérologique pour analyser la compatibilité entre deux individus. Et c’est franchement tant mieux.
Source: Stéphanie Hahusseau, Petit guide de l’amour heureux, Odile Jacob, 2015